Analyses AXA

Crise en Ukraine : Quel sera son impact sur les marchés et l’économie mondiale ?
Publié le mercredi 2 mars 2022
L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe aura probablement des coûts économique et humain élevés. L’escalade des tensions politiques vers un conflit militaire a déclenché une liquidation des marchés boursiers mondiaux et fait passer le prix du baril du pétrole au-dessus des 100 dollars pour la première fois en sept ans. Au-delà de la volatilité du marché, des conséquences importantes seront à prévoir sur l’approvisionnement mondial en énergie, l’évolution de l’inflation et la politique monétaire.

CE QU’IL FAUT RETENIR

Le choc de la guerre en Ukraine est circonscrit à l’Europe

L’Union européenne a réagi très rapidement, pour la deuxième fois en trois ans (cf. crise du Covid). Le degré d’unité des Européens est une surprise positive. Qui l’eut cru il y a quelques années ?

L’approche AXA IM est équilibrée, par la réduction de l’exposition actions et l’augmentation de la duration des portefeuilles obligataires.

Le biais croissance, classique chez AXA IM, est conservé. Les gérants attendent que les primes de risque se détendent à nouveau pour se réexposer à des thèmes value comme le secteur bancaire.

Gilles Moëc, Chef économiste du groupe AXA et directeur de la recherche d’AXA IM et Mathieu L’hoir, Responsable de la gestion institutionnelle multi classes d’actifs ont partagé leurs analyses et résumé le positionnement de la gestion.

« Ce qui est central, c’est l’ampleur de la récession qui s’annonce en Russie »

Gilles Moec précise : « La dépréciation du rouble, l’érosion du pouvoir d’achat des Russes et la forte restriction d’accès au système de règlement Swift ont déclenché un début de panique bancaire en Russie. »

La fuite de la monnaie russe risque d’accroître l’ampleur de la récession. L’ambition des Européens est d’obtenir de la population russe qu’elle exerce une pression considérable sur son gouvernement.

La Russie, géant militaire, nain économique

PIB Russe = PIB belge + PIB néerlandais

Le poids russe dans le PIB des pays européen est faible, hormis en Allemagne où il représente 2%. Notre voisin outre Rhin est le pays européen le plus solide et résistera à ce recul.

Les prix du gaz et de l’électricité à la hausse

Après la hausse des prix du gaz en 2021 pour des raisons essentiellement climatiques, une nouvelle hausse importante s’est produite ces dernières semaines. Elle finira par être ressentie dans le panier de dépense des ménages.

L’inflation pourrait augmenter de 1% en Europe sous l’effet de la hausse des prix du gaz et de l’électricité.

Les effets sur la croissance Ă©conomique

Europe : Prévision de perte de croissance de 1% en 2022 selon AXA IM.

Les économies des Etats-Unis et de la Chine ne devraient pas ressentir les effets du conflit en Europe de façon significative.

La Chine gagnante dans ce conflit

La collaboration russo-chinoise s’est considérablement accrue depuis plus de dix ans :

La baisse des réserves russes en dollars américains s’est traduite par une hausse des réserves en monnaie chinoise à 13% et en euro dans une moindre mesure. Le dollar ne pèse plus que 10%.

Les relations bancaires se sont intensifiées avec le système financier chinois qui utilise un mode de transfert indépendant de Swift.

La Russie est devenue plus dépendante de la Chine. Le rôle de cette dernière pourrait être décisif dans le règlement du conflit mais elle n’a pris aucune mesure favorable jusqu’à présent.

La Chine a accru son emprise sur le monde en rendant la Russie plus dépendante à son égard.

Jusqu’à présent, AXA IM prend pour hypothèse que la Russie va continuer d’exporter le gaz qui fait partie des exclusions des mesures de rétorsion.

Les ressources alternatives en gaz se trouvent en Norvège par exemple et en charbon en Allemagne. Mais elles ne suffiraient pas si la Russie fermait les robinets.

Une nouvelle relance budgétaire envisagée

AXA IM estime que l’impact des restrictions financières et du conflit en Ukraine pourrait déclencher des nouveaux programmes de soutien public en Europe.

La Russie fournit 2/3 de l’énergie importée par l’Europe

L’augmentation forte des prix de l’électricité à la fin 2021 pourrait relancer le débat sur l’électricité nucléaire à l’aune du conflit actuel.

L’Allemagne opère un virage radical dans sa politique militaire avec un objectif de 100 milliards € supplémentaires annoncé par le gouvernement d’Olaf Scholz.

Stratégie d’investissement dans l’équipe multi actifs : duration en hausse, moins d’actions

Pour Mathieu L’hoir, il est essentiel de comprendre les trois canaux de transmission de la situation de crise dans les marchés financiers :

La croissance et l’inflation : Un choc sur la croissance affecte les bénéfices des entreprises

La politique monétaire : La politique monétaire a un effet direct sur les classes d’actifs. La réévaluation des outils disponibles des banques centrales est importante pour apprécier les conséquences

L’incertitude sur la macroéconomie, c’est-à-dire la mesure de l’anxiété (prime de risque) : Les primes de risque augmentent, surtout celles des actifs risqués. L’observation historique des conflits depuis quelques décennies montre que les primes de risque tendent à revenir assez rapidement à leurs niveaux de pré-conflit. Actuellement, la baisse du marché européen est proche de 10% depuis la mi-février, au moment où ont accéléré les tensions en Ukraine. Cette baisse est semblable à celles de périodes comparables.

« Il est très compliqué de bouger les portefeuilles aux niveaux actuels car le potentiel de rebond devient important à ce stade » estime Mathieu L’hoir.

En synthèse, les marchés d’actions devraient bénéficier du soutien de la croissance bénéficiaire tandis que la hausse des taux devrait être décalée dans l’année.